« Numéro#, c'est du vide aménagé...»

Deux gars, une console, 2200 watts, des mix audios accrocheurs, un son unique et une envie de rafler les palmarès : qu’est-ce que cela a d’original dans le monde artistique québécois? Probablement rien. Pierre Crube et Jérôme Rocipon forment ensemble le groupe Numéro#. À la fois électro, rap et noué d’un rythme pop, leur style musical s’apparente encore, pour plusieurs, à l’univers des D.J. et du préenregistré. Rencontre avec ce groupe où leur album divise sa diffusion en France et ici au Québec.

Entretient avec l'auteur, compositeur et interprète d'origine française Jérôme Rocipon qui partage la scène avec Pierre Crube pour donner ensemble tout un Numéro#.




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Aimer la musique, l’apprécier, l’écouter, la décortiquer, sentir l’histoire d’une chanson, ses paroles tranchantes ou son refrain mélodique.

Des choix musicaux cela ne se discute pas. Qu’on n’aime pas l’attitude provocatrice de Madonna, mais qu’on adore l’accent irlandais de Bono ou encore la dureté des textes d’Eminem. Chacun trouve sa voie.

À Montréal, des groupes au genre électro se sont fait connaître via le réseau myspace et, par un style musical qui marie si bien l’ambiance festive des bars et des boîtes de nuit.

Une création fait à 80% en studio et où la performance live doit alors être restreinte.
Peut-on critiquer ou dénigrer cette méthode de création parce qu’il y va du préenregistré?
Pour cela les formations Omnikrom, TTC, Numéro# et Dj Champion sont-ils des artistes de la technologie?
Difficile à dire. Avec une industrie du disque très compromise par le téléchargement gratuit, l’approche de libre-échange musical des ces dits groupes est à première vue incompréhensible. C’est au contraire une belle façon de se faire promouvoir. Au Québec, la piqûre de la musique électronique se fait ressentir, mais souvent on ignore que des artistes de la scène locale arrivent à surprendre par des «hits» inattendus tels que Dans la poutine de Omnikrom et TTC ou encore Chewing-Gum fraise de Numero#. Des tubes qui se sont propagés par internet à une vitesse monstre. Encore faut-il être surprit de les entendre à nos stations radios. Pourtant, la France diffuse un bassin énorme de musique électro qui ne fait que rester en haut des palmarès. Il ne s’agit pas ici de justifier l’émergence de ces groupes, mais plutôt de faire savoir en quoi il en retourne des commentaires du milieu artistique québécois. Y-a-t-il reconnaissance d’originalité? Où le Québec se nourrit-il juste des artistes des saisons de Star Académie? Essayons d’être transparent. Prenons exemple sur un violoniste d’expérience de l’Orchestre Symphonique de Montréal. Il n’a sûrement aucune idée de ce que peu bien vouloir dire un «loop», mais quel regard poserait-il sur des arrangements musicaux sur des simples consoles numériques? André Folland, trompettiste de profession depuis plus de 24 ans, a une oppinion très divisée à ce sujet. «Je n'ai rien contre tout style de musique, chaque musique à sa place. C'est seulement difficile pour quelqu'un comme moi, qui a étudié un instrument et une musique qui a traversé des siècles d'histoire, d'être mis en comparaison avec une musique totalement différente. La seule chose qui est insultant, c'est que je connais mon instrument et ma musique et de voir des gens s'initier à la musique du jour au lendemain, c'est souvent juste pour devenir une star.» Quel regard porterait alors un artiste du mouvement électro?
«La musique électro peut être très divertissante (...) Je suis allé voir un spectacle de rock où les gars du band étaient tellement plates avec leur public, c’était super ennuyant.» affirme Jérôme Rocipon de la formation Numéro#.

Les artistes qui usent d'un style électro auront-ils enfin la reconnaissance qui leur est due?
La musique électro connaît pourtant une clientèle énorme, essentiellement entre 15 et 25 ans. Un public reconnaissant et large qui ne cesse de trouver de nouveaux adeptes pour venir fêter au son unique du talent des artistes du Québec. Dans les Cégeps, les Universités, les bars, les réceptions privés en passant aux spectacles en plein air. Il ne manque plus qu'à lire les prochains succès de TTC en première page du cahier culturel de La Presse et de regarder le lancement du nouvel album de Numéro# au TVA 18 heure...Parce que ces groupes ont la stature d'être des stars internationals et qu'ils feront sortir le côté électro en vous.