dimanche 14 décembre 2008

Les Contes et Légendes du Québec



Que ce soit des loups-garous, feux follets, lutins magiques ou d’un pacte avec le «Yabe», les contes et légendes d’ici sont parsemés d’éléments incroyables qui croisent le réel et l’irréel. Entrez dans un monde fantastique qui a fondé l’Histoire du Québec et marqué l’imaginaire collectif de tout un peuple. Rencontre avec les deux auteurs d'Agrippa, un livre fantastique basé sur l'histoire de personnes et de lieux qui ont réellement existés.




Imaginez vous au mois février en 1886, un hiver rude et neigeux, sans télévision ni radio (évidemment), sans rien d'autre que vous et les autres pour vous changer les idées du travail effarouchant et du train-train quotidien. À cette époque, les conteurs locaux, souvent accompagnés de violoneux, faisaient rire et divertissaient les villageois des quatre coins de la province. Depuis le début de la colonisation, les contes et légendes racontés dans ces «veillées de contes» ont marqué notre culture par la tradition orale qui a soufflé un vent de rassemblement au sein des communautés tant rurales qu'urbaines.

Voilà que depuis quelques temps, une volonté de retourner aux sources traditionnelles semble arriver dans la scène culturelle du Québec. Il y a alors l'apparition, entre autres, de musique plus traditionnelle (Les Cowboys fringuants, Mes Aïeux...), ou encore de Fred Pellerin1 et de ses récits fantastiques sur son village natal Saint-Élie de Caxton. Pour ceux qui ne connaissent pas le personnage, Pellerin réintègre la «parlure» comme dans le temps de nos arrières arrières grands-parents. Aussi, Jean-Pierre Ste-Marie et Mario Rossignol, deux auteurs de la Montérégie, s'ingénient à écrire des livres (Agrippa2) basés sur l'histoire réelle du village de Ste-Clotilde et des environs, pour y insuffler une histoire fantastique de livre maléfique. À l'époque des calèches, la tradition orale consistait en de simples légendes, souvent importées de France ou encore à partir de vieux mythes amérindiens. Tous ces récits regroupent notamment des fables (Lafontaine; Le lièvre et la tortue), des farces paysannes, ou encore des contes fantastiques (loups-garous, sorcellerie, feux follets), sans oublier le légendaire récit de La Chasse-Galerie. La richesse du répertoire des histoires typiquement québécoises découle directement de ces récits qui croisent le réel et l'irréel. Comment certains auteurs font-ils pour mélanger ces deux sphères de l'imaginaire? Cela relève uniquement d'une facilité à imaginer ce à quoi l'auditoire croira, jusqu'où il peut se plonger dans une histoire fantastique, sans décrocher de l'intrigue. Il faut assurément avoir un certain talent de persuasion, mais aussi de conteur. Cette tradition n'a néanmoins pas arrêtée d'avoir un succès au Québec, même à l'ère des Bluetooth! Depuis 1998, le Cercle des conteurs de Montréal3 organise des veillées où tous ont l'opportunité de prendre la parole et d' «offrir leurs contes personnels ou traditionnels et en retour, de voir à l'oeuvre des conteurs de différents styles, répertoires et vocations». Comme quoi la coutume perdure!

Les conteurs, qui ont pu perdurer à travers les âges, transmettent dans leurs histoires des thèmes récessifs qui confrontent souvent la religion et le culte du mal. Plusieurs récits mettent en lumière l'incessant combat du Diable à voler l'âme des Hommes. Contre toute attente, ce symbole satanique est extrêmement présent dans les légendes ancestrales au Québec. Il est intéressant de se demander pour quelles raisons historiques et sociologiques on a toujours laissé une très grande place à ce thème, pourtant très blasphématoire pour cette époque, dans les contes et légendes populaires. La religion catholique exerçait une oppression sévère envers les colons canadiens français, elle était entre autres responsable des censures générales d'ouvrages littéraires autres que ceux reliés à sa propre doctrine. Il est vrai de penser que la tradition orale pratiquée par les villageois, faisant appel à des personnages au même statut qu'eux-même, faisant généralement un pacte avec Satan, soit en quelque sorte leur façon de tourner le dos à la religion, de s'affirmer à travers une censure qui ne pouvait pas atteindre leur voix. Cette voix même qui servait de plume pour alors plus qu'un simple divertissement de veillée de contes.

La tradition orale a laissé ses traces au sein de notre culture provinciale. L'art oratoire est un art ancestral, qui vient du peuple, qui rapproche, uni et qui, peu à peu, a acquit son originalité et son autonomie face à ses origines. Il n'en tient qu'à nous d'en être fier et d'encourager ceux qui voient en cet art une façon de se rappeler et de raconter qui nous sommes entant que peuple.

1 Le livre-cd de Fred Pellerin, véritable petit chef-d'oeuvre, est un témoin écrit et conté de légendes surprenantes et de personnages incroyables. Fred Pellerin, Comme une odeur de muscles, Contes de village, livre-cd, Éditions Planète rebelle.

2 Trois tomes sont déjà disponibles en librairie (Le livre noir/Les flots du temps/Le puit sacré) et le quatrième est en création. Pour de plus amples informations et pour en savoir plus sur le parcours et les projets des auteurs, visitez le site officiel des livres: www.agrippa.qc.ca

3 Le Cercle des conteurs de Montréal est accessible au public. Allez écouter ou même y partager vos légendes. Visitez le http://cercleconteursmtl.site.voila.fr/ pour y découvrir les événements à venir!



Voici mon reportage avec les auteurs du livre Agrippa.





Voici une légende inventée par moi-même.

Comme quoi qu'il ne faut pas nécessairement être conteur professionnel

pour s'user la parlure!



3 commentaires:

Valérie a dit…

Beau travail Laurie-Anne!
Ton reportage nous a enfin fait connaître ton petit coin de pays. J'ai particulièrement apprécié ton audio! Ta façon de raconter une légende est manifique. Dans ton audio, tous les éléments pour accrocher le spectateur y est. En utilisant ce ton de voix, j'ai tout de suite été interressé. De plus, ton entrevue est vraiment complète et ces deux auteurs semblent avoir un intérêt hors du commun. Tu as réussi a nous faire transparaître la passion que ces auteurs ont par le biais de cette entrevue. Tes images sont vraiment belles! Sincèrement c'est un excellent travail Laurie.

Oussama a dit…

Wow.. juste wow

tellement pro!

Sérieux on dirait un reportage à canal D!!

tu t'es donnée à fond et ça se vois! Très original les petits décors dans les plans de coupe quand tu montres les livres. L'intro est tellement immersive aussi, c'était une bonne idée de jouer avec les ralentis. Ce que j'aime du sujet c'est qu'il met l'accent sur les contes et légendes québécoises, et je pense que c'est relativement important de mettre de l'avant la culture de notre belle province!.

Sophie B-R a dit…

Laurie-Anne, ton audio va me faire mourrir à chaque fois. Je t'ai vu et entendu alors que tu le faisais, le montais et j'ai beau le récouter, je ne peux m'empêcher de me dire que tu as fais un beau travail, très original, accrocheur, très immaginatif et j'en passe. Il n'est pas facile de raconter une légende et de faire en sorte qu'on s'y pique, s'y accroche ,mais toi tu as réussie avec moi, bravo!

Félicitaion!